Collecte et traitement des eaux de rejet à Bangalore

Publié le par Caroline

Eaux usées
 

Bangalore traite chaque jour environ 640 millions de litres d’eaux usées. Le Bangalore Water Supply and Sewerage Board (BWSSB, régie des eaux de Bangalore) possède 6 stations d’épuration principales. Le traitement est classique. Un traitement primaire permet d’enlever les déchets en suspension (passage à travers une grille) et d’enlever les graisses, un traitement secondaire biologique permet de faire chuter la DBO (Demande Biologique en Oxygène) et la DCO (Demande Chimique en Oxygène) avant de relâcher l’eau dans le milieu naturel. En 2003-2004, un projet franco-indien a permis d’équiper certaines stations d’un traitement tertiaire. Ces travaux ont été réalisés par Degrémont et OTV. Aujourd’hui 70 millions de litres d’eau sont réutilisés. BWSSB revend l’eau issue du traitement tertiaire pour quelques roupies le mètre cube. Cette eau est essentiellement utilisée par des industries ou pour l’arrosage des jardins publiques de la ville.

La ville dispose d’un réseau de collecte des effluents. Etant donnée la géographie de la ville, les eaux usées transitent de façon gravitaire vers les stations d’épuration. Peu de stations de pompage sont nécessaires pour évacuer les eaux usées. Le réseau est cependant loin d’être parfait. Seulement 640 millions de litres sont traités par jour alors que Bangalore consomme environ 900 millions de litre d’eau potable par jour (cf article : les chiffres de l’eau potable à Bangalore). En général on considère que pour 1 litre d’eau potable consommée 0,8 litre repart dans le système d’évacuation (pertes à cause de l’arrosage et de l’évaporation notamment). Ceci signifie que si toutes les eaux usées de Bangalore était traitée, 720 millions de litres devraient transiter chaque jour dans les stations d’épuration. Tout le monde n’est pas connecté au réseau. Certaines habitations déversent directement leurs eaux usées dans les ouvrages destinés à drainer les eaux de pluie.

 
Eaux de pluie
 

Les villes chez nous sont toutes équipées de systèmes de récupération des eaux de pluie. On trouve deux types de système. Les systèmes unitaires (le plus souvent rencontré) où les eaux de pluies sont collectés dans des bouches d’égouts et rejoignent le système de collecte des eaux usées. Les réseaux sont dimensionnés pour recevoir des eaux de pluies, en revanche les stations de traitement ne sont pas dimensionnées pour traiter de tels volumes. Des déversoirs d’orage sont placés en entrée des stations. L’eau en « surplus » est rejetée directement dans le milieu naturel. Ceci n’a pas de conséquences pour l’environnement car les eaux usées sont « diluées » dans une grande quantité d’eau de pluie ; par conséquent, les seuils de rejet des divers paramètres chimiques et biologiques contrôlés ne sont pas dépassés. Il existe des systèmes séparateurs (plus rare). Les eaux de pluies sont collectés dans un réseau indépendant, elles subissent en général un traitement de dégraissage (eaux polluées par le ruissellement sur les routes) avant d’être rejetées dans le milieu naturel.

On peut considérer que Bangalore a un système séparateur, si on néglige le fait que le système de collecte des eaux usées n’est pas vraiment étanche et déborde lors de fortes pluies. La géographie de Bangalore fait qu’à l’origine la ville dispose d’un système naturel, efficace d’évacuation des eaux de pluies. Les eaux de pluies sont drainées vers les vallées et se déversent dans des petits lacs naturels qui jouent le rôle de réservoir tampon pour les crues. Ce système a été complété aux fils des années par d’autres drains. Malheureusement l’accroissement peu contrôlé de Bangalore ne prend pas du tout en compte la gestion du bassin versant de la ville. Tandis que les lacs sont peu à peu comblés (390 réservoirs en 1987, 81 aujourd’hui) pour construire de nouveaux immeubles, les surfaces imperméables augmentent favorisant le ruissellement. Des plans ont été réalisés (master plan) pour la gestion des espaces constructibles. Cependant à cause d’un manque de coordination entre les différentes autorités et de fortes pressions financières, les promoteurs immobiliers ne les respectent pas. D’autre part, la maintenance des drains n’est pas suffisante et ceux-ci sont régulièrement bloqués. Les résultats de cette mauvaise gestion ont été observés lors des fortes pluies de la mousson 2005, des inondations ont dévasté les quartiers situés le long des drains, touchant principalement les gens les plus démunis de Bangalore.

Un autre problème majeur des drains de Bangalore est qu’ils transportent une quantité impressionnante de déchets. Bangalore produit chaque jour 2200t de déchets. Il n’existe pas de réel système d’élimination des déchets, seulement une usine gouvernementale pouvant éliminer 200t par jour. Seulement 60% des déchets disparaissent, brûlés en général, le reste finit dans les drains lors des pluies. A ceci s’ajoute le nombre important de déchets des matériaux de construction qui restent souvent entreposés sur des terrains vagues. La pollution des drains d’évacuation des eaux de pluie de Bangalore est une véritable menace pour l’environnement.

 

Bangalore a une longueur d’avance sur beaucoup d’autres villes d’Inde en ce qui concerne la collecte et le traitement des eaux usées de la ville. A titre d’exemple, Mumbay ne traite que 15% des eaux usées de la ville, tandis que de nombreuses villes moyennes n’ont aucun système de collecte des eaux usées. La croissance galopante de la ville est cependant un défis à relever par le BWSSB. Des mesures sont prises pour faire face aux volumes croissants des eaux à traiter. Depuis le 1er août, les nouvelles constructions de plus de 50 appartements doivent disposer de leur propre station de traitement. Cependant il est difficile de savoir si cette règle va être respectée. En ce qui concerne les eaux pluviales, la situation est beaucoup plus préoccupante. Il est urgent d’améliorer le système de collecte des déchets et de faire respecter les plans définissant les espaces constructibles. Une meilleure coordination entre les services de la ville, le gouvernement et les organismes de contrôle est indispensable.

Drain d'évacuation des eaux de pluie à Bangalore

 
 
 Sources:

The Hindu – Survey of the environment 2006 – Bangalore : Urban growth, environmental decline – Asha Ghosh, Champaka T.R

http://www.cpcb.nic.in/ar2003/ar2-3ch6.htm

Publié dans L'eau en zone urbaine

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D
c'est tjrs aussi interessant de te lire, surtout après avoir pris connaissance des lieux et même sans la pluie! malgré les efforts existants  ( mais non perceptibles par les touristes) la tâche reste immense...pourvu que les "responsables" ne se découragent pas!
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L
Article très intéressant et aussi très technique. Les problèmes de traitement de l'eau et l'état "inquiétant" des drains qui sillonnent la ville sont une des premières choses qu'on remarque en arrivant à Bangalore. Je confirme que les innondations d'Octobre 2005 ont été très impressionantes et que des quartiers entiers se sont vus envahis d'eaux... usées.
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